Clandistinopolis

L'Histoire
À bord d’un tramway, Hippolyte Wetters, alias Destin N°7111968, membre d’une organisation extrémiste de droite flamande, le Vlaams Belang, est plongé dans de sombres réminiscences. Voilà près de trois jours qu’il ne peut se résoudre à sortir du tramway de la ligne 8. De station en station, ses souvenirs défilent. Il pense au suicide de sa fille dont il se sent responsable et se met à divaguer. Hanté par le remords et le chagrin, il croit reconnaître sa fille sous les traits d’une passagère. Il reçoit par la suite la visite d’un passager nommé Dieu, d’un Fou se prenant pour Antonin Artaud, ainsi que la mort elle-même, comme autant de signes annonciateurs de son destin tragique. Ses pensées s’emballent à tel point qu’il en vient à parler tout seul. C’est ainsi qu’il est confondu avec un dangereux terroriste…


Note d'intention
Cela fait déjà trois jours qu’Hippolyte Wetters est cloué
sur son siège dans un tramway. Mais l’espace de Clandestinopolis s’élargit bien
au-delà des limites de ce lieu unique. La pièce met en jeu une multitude de
personnages, d’icônes, d’images, de lieux. Nous rencontrons, au cours de ce
trajet sur la ligne 8, toutes sortes de figures réelles ou fantasmées – la
frontière est mince – par Hippolyte Wetters. Ainsi se croisent et parfois même
s’affrontent Dieu, la Mort, Antonin Artaud – ou serait-ce un fou qui se prend
pour l’écrivain ? – un chef de brigade, une voyante et bien d’autres encore.
Nous prenons le parti de ne compter que sur une équipe de 5 comédiens pour
interpréter l’ensemble des personnages, 18 en tout. Ce qui nous conduit
inévitablement à réinterroger les rapports comédiens-personnages et
comédiens-spectateurs. Le spectateur est convié à suivre la double errance
physique et mentale d’Hippolyte Wetters : à travers la ville, de station en
station, mais également de souvenir en souvenir. C’est d’abord l’écriture
fragmentée de Mustapha Benfodil qui m’a interpellé. Une écriture qui nous met
au défi de raconter et de mettre en scène une pièce où espace et temps sont
éclatés, puisque ces derniers se font et se défont au rythme des souvenirs d’un
homme pris à son propre piège. Cette cadence nous a conduit à chercher une
forme simple et souple.
